Si vous essayez de dresser une liste des Départements et des Services de l’HGJ au sein desquels la télésanté aide les patients à maintenir un contact vital avec le personnel des soins de santé pendant la pandémie de la COVID-19, la Division de radio-oncologie ne vous viendrait pas immédiatement à l’esprit.
Après tout, les patients atteints de cancer doivent se présenter en personne pour recevoir leurs traitements de radiothérapie. Par conséquent, quelle est la valeur d’un système numérique qui permet de recevoir l’appui du personnel des soins de santé quand les patients sont à leur domicile?
Selon la Dre Magali Lecavalier-Barsoum, la clé est de reconnaître que même si le traitement en personne est le point culminant du processus, arriver à ce point exige une interaction importante entre le patient et les membres du personnel et entre les membres de l’équipe des soins de santé.
Préparer le patient à recevoir les traitements et déterminer la dose optimale de radiation est un processus minutieux, dont une grande partie ne peut pas être accomplie à distance, explique la Dre Lecavalier-Barsoum.
« Il s’agit d’une démarche que nous voulions établir depuis plusieurs années », dit-elle. « Il est regrettable que le processus ait été accéléré par la COVID-19, mais nous pouvons maintenant confirmer les nombreux avantages présentés par la télésanté. »
En temps normal, la Dre Lecavalier-Barsoum rencontrait ses patients en personne pour répondre à leurs questions et recueillir l’information qui l’aidera à déterminer si un traitement de radiation serait utile et, le cas échéant, le nombre de séances nécessaires.
Selon la situation du patient, des suivis ou des études complémentaires peuvent également être nécessaires avant le début du traitement.
Entre-temps, les membres de l’équipe se rencontraient en personne pour discuter des besoins du patient et mettre en place la foule de détails compliqués nécessaires pour que le traitement soit administré avec succès.
Toutefois, quand la COVID-19 a frappé, il y a près d’un an, tout a changé. Selon la Dre Lecavalier-Barsoum, l’utilisation du téléphone et particulièrement des réunions par le biais de Zoom a été très bénéfique pour les patients :
- Les patients dont l’état de santé est plus vulnérable, en raison de leurs traitements ou du cancer lui-même, peuvent rester à leur domicile pour réduire considérablement leur exposition à des risques comme les infections nosocomiales.
- Les patients dont la mobilité est réduite, en raison d’un handicap physique ou des effets secondaires d’un traitement de radiation, ne sont plus tenus de faire autant de trajets qui sapent leur énergie. Il peuvent aussi éviter de s’asseoir dans une salle d’attente qu’ils peuvent trouver particulièrement inconfortable en raison de leur état de santé.
- Comme les visites à l’Hôpital sont moins fréquentes, les patients sont moins anxieux au sujet de l’organisation du transport et des déplacements fatigants. Cet aspect est particulièrement important pour les patients habitant en banlieues ou dans des régions plus éloignées qui participent à des études cliniques et souhaitent réduire au minimum la fréquence de leurs visites à l’HGJ.
- Une plateforme visuelle, comme Zoom, permet de rencontrer facilement un oncologue ou un autre spécialiste des soins de santé et d’inclure des membres de la famille qui habitent dans différents endroits.
- Comme les patients sont à leur domicile, ils sont moins susceptibles de rater leur rendez-vous ou d’être en retard. Il s’agit non seulement d’un avantage pour la santé, mais cet aspect permet aussi aux membres du personnel d’optimiser leur horaire de travail.
- Si un patient est dans un état de détresse, une consultation en télésanté peut généralement le soulager plus rapidement qu’un déplacement au Département de l’urgence, ce qui offre l’avantage accru d’alléger la charge de ce Département.
Toutefois, la Dre Lecavalier-Barsoum souligne que la télésanté ne convient pas à toutes les situations. Les rencontres en personne restent cruciales pour établir des liens de confiance et un rapport émotionnel entre le patient et l’oncologue.
C’est la raison pour laquelle la Dre Lecavalier-Barsoum « rencontre » habituellement un nouveau patient virtuellement pour la première fois, mais cette rencontre est suivie d’un rendez-vous en personne.
« Le passage à la télésanté a été un projet majeur pour la Division de radio-oncologie », explique Elliott Silverman, directeur de la Logistique et de l’Internet des objets au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.
« En effet, jusqu’en 2020, la notion de rencontrer un patient par Zoom ou même de lui parler au téléphone n’existait pas vraiment ».
Monsieur Silverman, le responsable du service de radio-oncologie, dit qu’une grande partie du mérite de cette transformation revient à Anna D’Ambra, pilote clinique en télésanté et analyste spécialisée en Informatique clinique auprès de l’Équipe de santé numérique du CIUSSS.
« Anna fait un travail spectaculaire », dit-il. « Comme pour tout changement, il y a toujours une certaine résistance, mais Anna a réussi à rallier tous les membres du personnel à cette notion. Elle a rapidement mis la main sur l’équipement nécessaire, l’a déployé et a convaincu les médecins de l’utiliser ».
Pour les membres du personnel, la télésanté a permis de poursuivre les discussions régulières au sujet de chaque cas, même si certains participants travaillaient de leur domicile, de dire Josina Van Den Nieuwenhof, chef de service, Radio-oncologie.
Selon Madame Van Den Nieuwenhof, les membres de la Division préfèrent la plateforme visuelle Teams qui permet l’envoi de messages texte entre les participants, ce qui est un mode de communication beaucoup plus rapide que les courriels.
« Par exemple », dit-elle, « nous avions un cas très complexe qui exigeait que le patient reçoive 36 traitements de radio-oncologie, ainsi que des traitements de chimiothérapie. Par conséquent, il fallait organiser rapidement une réunion dans le cadre laquelle plusieurs aspects du traitement devaient être abordés ».
« Avant la COVID-19, il aurait fallu trouver une manière de réunir en même temps tous les intéressés dans une salle de conférence. Mais pour ce cas, nous nous sommes réunis par le biais de Microsoft Teams, et un représentant du CLSC, l’infirmière-chef du Service d’oncologie, un médecin et d’autres personnes ont été en mesure de se joindre à nous ».
« Cela nous a permis d’avoir rapidement une discussion interdisciplinaire importante sur la meilleure manière de progresser pour soigner ce patient ».
Ainsi, MS Teams est devenu l’outil de collaboration et le moyen de communication standard au sein du Service, ajoute Krum Asiev, physicien-chef en médecine de la Radio-oncologie. « Cet outil est extrêmement important, puisque différents groupes au sein de la Division de radio-oncologie doivent prendre plusieurs décisions complexes pour que le traitement puisse avoir lieu ».
Monsieur Asiev souligne également que MS Teams a permis aux membres de son équipe d’éliminer l’utilisation des téléavertisseurs, qui est beaucoup moins pratique pour communiquer rapidement.
Tous s’entendent pour dire qu’après la pandémie la Division de radio-oncologie continuera très certainement à utiliser certains éléments clés de la télésanté. De plus, le Service s’efforcera de chercher de nouvelles manières de tirer parti de la technologie pour améliorer les soins aux patients.
« Lorsque nous reviendrons à la normale, les choses devront évoluer », de dire Monsieur Asiev, « mais je suis certain que nous trouverons une solution. Je crois qu’il faudra seulement modifier légèrement notre démarche actuelle ».
« Nous trouverons forcément notre zone de confort », convient Madame Van Den Nieuwenhof, « mais, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir avant la disparition de la COVID-19. La télésanté sera notre manière de travailler au moins dans un avenir prévisible ».
